Prenez un bol d'Eire en l'Irlande

S’aérer l’esprit, s’évader sur un territoire de légendes, une évidence même aux portes de Dublin. À quelques minutes de la capitale, le bus, le DART (réseau ferré local) ou la voiture de location sont des tremplins qui vous précipiteront à travers le temps et les paysages. Aussi, si vous ne disposez pas de suffisamment de temps pour prendre le large, les environs de Dublin offrent un vrai bol d’Eire, sur les terres ancestrales où se sont forgées les légendes, celtes d’abord, vikings plus tard, catholiques enfin. 

 

Outre de riches paysages montagneux et naturels, baignés d’innombrables lacs mais moins verdoyants qu’attendus, ce comté concentre les hauts lieux du patrimoine historique local. à commencer par Glendalough, cœur spirituel de l’Irlande. Ce petit hameau, fondé sur les rives de deux lacs, abrite une histoire vieille de 1500 ans, avec son monastère fondé au VIe siècle par saint Kevin, en quête de sérénité et d’éloignement. Les lieux seront appropriés par les Vikings d’hier puis remis au goût du jour par la série télévisée dédiée à ce peuple.

©Andy Barréjot

Un peu plus au sud, la cité sombre de Kilkenny (à 1 h 15 de Dublin) étend son empreinte bien au-delà de son château jusqu’à son abbaye noire. Mais si ses pierres lugubres caractérisent le Medieval Mile, elles dénotent avec la vitalité culturelle et commerciale qui fait de cette ville l’une des plus dynamiques d’Irlande. Un détour par la taverne The Hole in the wall promet une immersion singulière, dans ce pub suspendu en dehors du temps où l’on servait jadis par un trou à travers un mur.

Un peu plus au sud, le rocher de Cashel trône sur son piton rocheux depuis un millénaire, s’illuminant quotidiennement à l’aube et au crépuscule.

 

À mi-chemin sur le retour vers Dublin, les lacs de Blessington bordent la nationale et offrent un havre de quiétude ou d’adrénaline (nombreuses disciplines praticables). Située juste en face, la Russborough House jouit d’une vue privilégiée et d’un riche patrimoine. Elle abrite aussi un labyrinthe végétal pour petits et grands.

©Andy Barréjot

Enfin, si vous ne devez consacrer qu’une sortie en dehors de Dublin, dirigez-vous vers le domaine sublime de Powerscourt, sur 400 ha, près du village bucolique d’Enniskerry. Les plus audacieux pousseront jusqu’à la cascade où, au pied de l’eau bouillonnante, il fait bon savourer un pique-nique. Mais ne surtout pas négliger la visite de Powerscourt House. Ce chef-d’œuvre palladien vaut par son architecture, son panorama qui balaie les monts du Wicklow (et notamment le Pain de sucre) mais surtout pour son parc fabuleux (ne pas manquer l’étonnant jardin japonais), baigné de fontaines. Le troisième plus beau jardin au monde selon National Geographic. L’Eire de rien !

Dublin, le cœur bouillonnant du pays

Cosmopolite, ouverte sur le monde qui s’y précipite (si les touristes sont nombreux, les expatriés encore davantage), la capitale irlandaise se découvre comme un gros village, une entrée qui donne la température à tout un périple à travers l’île. Aussi, si Dublin se visite avec entrain, la ville ne nécessite pas forcément de s’y attarder plus que deux ou trois jours.

Mais il faut toutefois prendre le temps de s’immerger dans le bain de Dublin, de se plonger dans la chaleur irlandaise portée par ce « warm welcome » qui est moins une lubie que les légendes celtes qui se racontent à Dublin et dans sa campagne. Pour apprécier ce cœur battant, le quartier de Temple Bar affiche fièrement son nom et la couleur. Ici, même un triste lundi soir pluvieux n’empêche pas les pubs de claironner leurs airs traditionnels. La musique et les chants s’échappent de chaque pas de porte, dévalant même des étages, seulement interrompu par le tintement des pintes.

 

Bien dans son époque, Dublin recèle aussi quelques trésors historiques. À commencer par le Trinity College d’Oscar Wilde et Jonathan Swift, où s’expose le livre de Kells, ce manuscrit paléochrétien enluminé illumine forcément les lieux. À l’étage, Shakespeare et les plus grandes plumes veillent sur une bibliothèque à la richesse et à la beauté insondables. La Long Room concentre près de 200.000 ouvrages.

©Andy Barréjot

L’empreinte religieuse envoûte la vieille ville, de la cathédrale Saint-Patrick à celle de Christ Church, quasi millénaire. À deux pas de là, le château de Dublin et la mairie sont aussi des haltes obligées. Plus insolite, la prison de Kilmainham, la plus grande désaffectée d’Europe dont l’entrée fait son effet. Et la sortie également…

 

De la verte Irlande, Dublin offre également un aperçu à travers ses parcs. Phœnix Park abrite le zoo, là où jadis se dressait le plus grand lieu d’inhumation viking en dehors de la Scandinavie. Plus modeste, St Stephen’s Green est le poumon vert du sud de la ville, à deux pas de l’Aviva Stadium (ne cherchez pas Lansdowne Road, il n’en reste rien).

 

Enfin, comme pour boucler la boucle, le Guinness Storehouse est l’autre temple de Dublin, dédié à un emblème incontournable du mode de vie irlandais. Une exposition moderne, la plus visitée de toute l’île. Si vous êtes plutôt whisky, la distillerie Jameson est une alternative savoureuse. Enjoy !

Carnet de voyage

©Andy Barréjot

Télé > L’Irlande, terre de séries. À l’image de Glendalough, qui a servi de théâtre à la série « Vikings », l’Irlande a inspiré de nombreux producteurs de séries. Plusieurs sites d’Irlande du Nord ont ainsi accueilli les équipes de « Game of Thrones ».Des routes, des forêts, des rivages et des châteaux trônent dans la série phénomène qui vient de débuter sa 8e et dernière saison. Plusieurs séjours thématiques sont proposés à travers « Westeros ». Le grand écran (« Harry Potter », « Star Wars », « Braveheart » notamment) s’est aussi largement inspiré des paysages irlandais.

 

Mer > L’Irlande a la cote. Les rivages irlandais regorgent de trésors sur 2500 km. La Wild Atlantic Way serpente tout autour de l’île et offre de sublimes décors, des falaises de Moher à la chaussée des Géants, en passant par les îles d’Aran ou la péninsule de Dingle. Compter toutefois une semaine minimum pour en profiter. Si vous disposez de moins de temps, les villes côtières de Bray (au sud) et Howth (au nord-ouest, notre photo) offre de vivifiants échantillons de la richesse et la diversité des côtes irlandaises à moins de trente minutes de Dublin en train.

 

Pratique > En bref. Les vols sont assurés par la compagnie Ryanair. Pour plus d’informations, ne pas hésiter à vous rendre sur le site en français www.irlande-tourisme.fr Attention : la circulation se fait sur la voie de gauche. Éviter de laisser vos effets personnels dans les voitures. Devise : l’euro. Météo : changeante et ventée.

 

Andy Barréjot