Séville, La belle andalouse

Article initialement publié sur www.enviedepartir.fr

 

La quatrième ville d’Espagne a été désignée « première ville à visiter » en 2018 par le Lonely Planet. Envoûtante et ensoleillée, la cité aux palais inspire les artistes et les architectes

Deux expositions universelles… et autant d’échecs économiques ! Il en faut plus pour décourager Séville, la flamboyante, aujourd’hui prisée de tous les guides de voyages et des touristes. Ils sont de plus en plus nombreux à vouloir découvrir sa douceur de vivre à l’andalouse et son architecture fascinante, qui mêle le fastueux palais de l’Alcazar au très moderne Metropol Parasol.

Avant-gardisme et histoire

0n dit que si un torero n’a pas poussé la porte des arènes de la Maestranza, il n’est pas considéré comme un professionnel. C’est la même chose, pour le voyageur : quiconque n’a pas foulé le sol sévillan ne peut dire qu’il connaît l’Espagne… Car la troisième ville la plus visitée du pays dévoile plusieurs visages. Se promener dans les ruelles embaumées par les orangers en fleur, lever la tête pour admirer la Giralda ou le Metropol Parasol, de jour comme de nuit, sont des expériences rarement égalables. Inauguré en 2011, cet édifice de la plaza de la Encarnación, que l’on surnomme « las setas » (les champignons), est devenu un point de rendez-vous populaire chez les jeunes. C’est d’ailleurs de là que partent leurs manifestations. L’architecte allemand Jürgen Mayer a pourtant soulevé bien des controverses avec son projet de structure en bois de 28 mètres de haut et d’un budget de 86 millions d’euros. Mais le résultat est sans appel : errer sur les sommets des « parasols » offre une vue incomparable sur la ville, et, au sous-sol, on découvre d’intéressantes ruines romaines. Ce must du patrimoine contemporain tranche avec les nombreux palais qui émaillent la cité, et notamment le quartier de Santa Cruz.

De Colomb à la Macarena

Le plus majestueux d’entre eux, le Real Alcázar, carte postale, à lui seul, de Séville, consiste en une succession de palais et de jardins florissants. Il a servi de décor au film « Lawrence d’Arabie », et ce n’est pas le tournage de la série « Game of Thrones » en son sein qui va atténuer son succès touristique…

 

Du haut de ses 104 mètres, la Giralda est devenue le symbole de la ville. Ce minaret jouxte un monument qui en impose, Sainte-Marie-du-Siège. Et pour cause : avec son volume de 11 500 mètres cubes, l’édifice, achevé au XVIe siècle, est classé au Patrimoine mondial par l’Unesco et dans le Guinness Book comme la plus grande cathédrale gothique du monde. On s’y presse pour ses nombreuses chapelles et surtout pour admirer le tombeau du grand Christophe Colomb, près de l’entrée principale : pour son quatrième voyage, l’explorateur est parti de Séville. Un des sites à réserver longtemps à l’avance.

Non loin de là, rendez-vous à l’hôpital de la Charité pour découvrir les plus belles peintures de Murillo dans son église baroque, considérée par certains comme la plus belle de la ville. Attention, il faut organiser la visite, et des mariages ont lieu le samedi !

 

Tout aussi prodigieuse, la Casa de las Dueñas conjugue céramiques, cours luxuriantes et brique jaune dans les styles maures et gothiques. Les céramiques sont d’ailleurs une autre marque de fabrique de Séville. Amusez-vous à les décrypter, place d’Espagne, temple des chefs-d’œuvre d’Aníbal González, au cœur du parc Maria Luisa. Son bâtiment néo-Renaissance en forme d’hémicycle en impose. Si vous avez du temps plus large, poussez vers la Macarena. Oui oui, comme la chanson de Los del Río, ode à une fille du quartier.

Au rythme du flamenco

Indémodable en Andalousie, il rassemble toutes les générations autour de quatre thèmes : l’amour, la joie, la solitude et la mort ! Tout un programme… C’est aussi à Séville que l’imaginaire de Carmen est né. Le personnage de la célèbre Gitane de Bizet est, de fait, librement inspiré d’une « cigarrera », ouvrière de l’ancienne manufacture de tabacs de la cité. Au XIXe siècle, ces travailleuses bénéficiaient de leur propre salaire, ce qui ne plaisait pas forcément aux messieurs de l’époque…

Combien de variétés se dansent ? Que sont les bulerías ? Toutes ces questions trouvent réponse dans la capitale du flamenco et plus particulièrement dans son musée dédié fondé par la danseuse Cristina Hoyos. Trois mille ans d’histoire sont résumés dans ce bâtiment du XVIIIe siècle qui combine expositions de costumes ou de peintures, mais aussi vidéos de démonstrations très intéressantes. En marge, sept spectacles sont proposés chaque jour dans deux salles différentes de ce lieu au cœur de Séville. Mais la cité regorge d’autres scènes pour admirer le genre. Parmi elles, la Fondation Cristina Heeren, dans le quartier de Triana, qui accueille une centaine d’étudiants. Le soir venu, des spectacles ont lieu au sous-sol. Pour une expérience encore plus intimiste et originale, rendez-vous au minuscule CasaLa Teatro. Sous les halles du marché de Triana, pas de stands de charcuteries ou de légumes locaux, mais 27 sièges et une scène cachée derrière un rideau depuis 2012.

Tournée de tapas

Aux merveilles visuelles et culturelles, il faut ajouter la gastronomie. Il est conseillé de ne pas repartir de la ville sans avoir goûté ses trois spécialités : la joue de bœuf, le poisson frit et le salmorejo, variante plus épaisse du gazpacho.

Et avec ses 4 000 bars à tapas éparpillés çà et là, l’andalouse est la capitale mondiale du genre… Difficile de ne pas se régaler d’albondigas au calamar, d’omelette de crevettes ou de fromage payoyo, produit à Cadiz, le tout accompagné d’eau-de-vie d’Andalousie. Un bon exemple d’« abacería » mi-épicerie mi-bar : la Casa Morena comblera vos envies d’authenticité. Toujours en plein centre, les Sévillans aiment aussi se rassembler à l’apéritif à la Casa Morales, pour discuter au milieu des barriques de vin ou au plus vieux bar à tapas, El Rinconcillo, datant de 1670 ! Des adresses qui font partie des adresses « où dînent les Sévillans » avec multiples escales de tapas organisées par Sevilla Ambassadors.

Cuisinez comme un chef

Safran, jambons, fromages… Après quelques achats de bons produits aux étals du sympathique marché de Triana, rouvert en 2001 après modernisation et dont les ruines d’un château sont toujours visibles, direction le Taller Andaluz Cocina. Là, on vous propose un tour explicatif des halles avant d’enfiler le tablier ! Car oui, ici, depuis 2014, c’est vous qui cuisinez, en petit groupe, encadré par Victor, un chef expérimenté au sourire indéfectible. Pendant presque trois heures, il dispense des cours thématiques en espagnol et en anglais pour confectionner trois spécialités espagnoles ou du monde et s’en délecter, comme la célèbre paella, concoctée avec le safran des halles et un secret bien particulier sur la disposition du riz. On la dévore en toute convivialité à l’issue des explications et en sirotant une délicieuse sangría.

Les bonnes adresses

LE RESTAURANT ANIBAL

 

Ici, on se délecte de tapas sophistiquées dans une formule à 35 euros qui ravira les instagrammers du monde entier.

Calle Madre de Dios, 8, 41004 Sevilla.

 

LE RESTAURANT ABADES

 

Pour un dîner romantique moins branché mais avec vue sur le Guadalquivir, il faut encore traverser le fleuve et savourer les mets d’Abades. Une véritable entreprise andalouse où se côtoient des restaurants dans plusieurs ambiances. La qualité est dans les plats : le risotto aux champignons et au porc est un délice, et le chef privilégie les circuits courts.

Calle Betis, 69.

 

LE MARCHÉ DEL ARENAL

 

Ambiance plus moderne et hipster au Mercado del Arenal. Sur les comptoirs blancs immaculés, on sert aussi bien des olives fourrées que toutes sortes de croquetas ou de vins locaux. Petit avantage sur le marché de Triana : sa terrasse qui domine le Guadalquivir.

Calle Genil.

 

LE PREMIER SHERRY

 

Idéal pour déguster un délicieux cocktail. On vous conseille le Barrameda, créé par le barman, ou les nombreux gins du cru

Calle Jaén. Ouvert tous les jours dès 15 h 30.

 

L’HÔTEL DOÑA MARÍA

 

Côté hôtels, profitez au mieux de la ville en séjournant à l’établissement quatre étoiles Doña María, construit dans un ancien palais du XIVe siècle. Le clou du spectacle réside dans sa terrasse avec piscine et vue imprenable sur la Giralda. www.hdmaria.com